Le renforcement des liens sociaux, la lutte contre l’isolement d’une part, contre l’échec scolaire d’autre part, exigent la rencontre des générations. Au ministère de l’Éducation nationale, Carole Gadet, qui travaille sur des projets intergénérationnels depuis 15 ans, développe cet axe clé du mieux vivre ensemble et nous explique les avantages de ces projets en constante évolution.
Carole Gadet a toujours pensé que la transmission et le partage réciproque des connaissances étaient essentiels pour vivre ensemble. En 1999, alors qu’elle était enseignante, elle a initié un projet éducatif réunissant les élèves de son école, dans le 20e arrondissement de Paris et les résidents d’une maison de retraite voisine. 15 ans de projets qui n’ont cessé de se développer depuis. Parallèlement, en 2004, elle expose des photos de ses ateliers à la mairie du XXe siècle et crée l’association « Ensemble Demain », parrainée par de grands noms (Albert Jacquard, Edgar). Morin, Erik Orsenna…), afin de faire connaître les avantages de la communication intergénérationnelle à un public plus large.
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Aujourd’hui chef de projet au ministère de l’Éducation nationale, Carole Gadet travaille à élargir l’impact de l’éducation intergénérationnelle en sensibilisant les académies nationales d’éducation à ces projets, en formant les parties prenantes et en diffusant les bonnes pratiques à l’échelle internationale.
En 2013, elle a organisé pour la première fois une conférence intitulée « Together Tomorrow ». En novembre de la même année, il a organisé avec le ministère de l’Éducation nationale le premier séminaire européen sur les questions intergénérationnelles et la citoyenneté.
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Petits et grands : l’envie de se rencontrer
Pour elle, les bénéfices de l’intergénérationnalisme sont multiples, à condition qu’elle ne fasse rien. « C’est pourquoi nous avons développé des modules de formation pour les enseignants, préparons les équipes pédagogiques, les étudiants et les personnes âgées à la réunion », explique Carole Gadet. Eh bien préparés, les étudiants ne sont donc pas mal à l’aise avec les personnes âgées. « Ils oublient totalement la maladie, le physique, la vieillesse », dit-elle. Dans l’autre sens, la présence de jeunes désinhibe certaines personnes âgées, qui se mettent soudainement à parler, à participer et à investir.
Les compétences intergénérationnelles semblent également être une bonne motivation pour les étudiants « difficiles ». « La punition la plus dure pour les étudiants en difficulté », note Carole Gadet, « est de les priver d’une visite à la maison de retraite ».
Innovation, transmission et partage, pour repenser la société
L’enseignement intergénérationnel à l’école est donc une approche transversale et atypique dans un établissement qui n’y a pas toujours été habitué, mais dont le bénéfice ne s’arrête pas aux portes de l’établissement. « Il s’agit de repenser la société », explique Carole Gadet. « Nous vivons dans une société vieillissante où il faut apprendre à vivre ensemble pour que ce soit une situation gagnant-gagnant. D’une part, nous sommes réfléchir à la façon dont, en travaillant dès le plus jeune âge, nous allons permettre aux enfants de progresser différemment dans la société, avec un point de vue différent sur la vieillesse ». D’autre part, il s’agit de « revaloriser une génération à qui on a dit : vous êtes retraité, c’est fini. Elle apporte une richesse incroyable. Nous n’apprécions toujours pas suffisamment ce que la transmission et le partage peuvent apporter l’un à l’autre. »